lundi 1 juillet 2019

Col de Chipka


vue du col de Chipka


Col de Chipka


Ce col, à 1190m d’altitude, situé quasiment au milieu de la chaîne des Balkans, relie la plaine du Danube au nord et la plaine de Thrace au sud. C'est à une trentaine de km au nord de Kazanlak.

en montant vers le col
depuis le versant sud
Il est un des hauts lieux chargé d'histoire de la guerre russo-turque de 1877-1878.

En avril 1876 les tentatives diplomatiques pour résoudre « la question bulgare » ont échoué. La Russie déclare la guerre à l'empire ottoman, et le 22 juin 1877 l'armée Russe franchit le Danube près de Zimnitch-Svichtov. L'avant garde de cette armée à laquelle sont rattachées les compagnies de volontaires Bulgares se dirige vers le col de Chipka.

monument célébrant le tsar Alexandre III






Le général Russe Soletov est conscient du déséquilibre des forces. Le 20 août 1877 il envoie une dépêche au quartier général qu'il termine par ces mots : Le théâtre des opérations sera ici, l'inégalité des forces est très grande ».

Le choc a lieu avec les troupes ottomanes qui sont surprises de la pugnacité des Russes. Suleyman Pacha qui les commande écrit le 23 août 1877: « Nous n'avons pas réussi aujourd'hui à nous emparer des fortifications des russes, mais ils ne pourront pas tenir encore longtemps. S'ils ne prennent pas la fuite cette nuit nous recommencerons nos attaques et j’espère réussir par la grâce de Dieu ».

col de Chipka
La bataille se poursuit dans des conditions épouvantables. Journal du 94ème régiment d'Enissei : « le nombre de gens qui ont les pieds ou les mains gelés atteint des proportions effrayantes. La liaison avec le Mt St Nicolas est rompue à cause de la tempête. Par endroit il est impossible d'allumer du feu. Les vêtements des soldats forment une croûte de glace, ils ne peuvent pas remuer leurs mains la marche est très difficile ».

C'est en décembre qu'a lieu l’offensive générale de l'armée russe. Le village de Chipka où s'abritait le camp turc est pris par les russes. L'offensive amènera l’armée russe aux portes de Constantinople. Le traite de paix de San Stephano est conclu le 3 mars 1878. L’État Bulgare réapparaît sur la carte de l’Europe.

Obélisque



Une tour en pierre de 31M gardée par un lion en bronze -symbole de l’état Bulgare- est érigée en haut d'un escalier de 900 marches. Cette tour appelée tour de la liberté commémore les 20 000 russes et volontaires Bulgares qui ont laissé la vie sur ce site.

(le lion de bronze n'est pas visible sur la photo de la tour actuellement en travaux. C'est un lion de granit situé en bas des marches qui est photographié)

 
le lion brisant ses chaînes


La cathédrale de Chipka


la cathédrale
iconostase



Cette cathédrale a été inaugurée en 1902. Elle a été bâtie sur le modèle des églises russes du XVIIème en hommage aux soldats russes et aux volontaires bulgares tombés lors de la bataille de Chipka.

Dans la crypte 17 sarcophages de marbre contiennent les restes des soldats. Ses bulbes dorés tranchent sur le vert des forêts.






les bulbes de la cathédrale

Bouzlouddja


Bouzlouddja vu du col de Chipka
Du col de Chipka on aperçoit une soucoupe volante, sortie de starwars, flanquée d'un obélisque, posée à 1 400 mètres d'altitude sur l'un des sommets de la chaîne du Balkan.

Le choix de ce lieu et de cette construction résulte de la rencontre d'une idéologie et d'une histoire. Sur cette montagne, un des héros du Réveil national bulgare, Dimitar, avait mené avec ses troupes de haïdouks la lutte contre les Turcs en 1868. Il y a trouvé la mort, dix ans avant l'indépendance de la Bulgarie. Ce fut aussi un des hauts lieux de la résistance antifasciste contre le régime du roi Boris III, jugé trop favorable aux nazis. Mais surtout, en 1891, quelques dizaines de socialistes y fondèrent un parti qui allait devenir le parti communiste bulgare, ce qui incitera Jivkov, le secrétaire général du parti qui domina le pays entre 1954 et 1989, à ériger ce monument pour les 90 ans du parti unique.

Les travaux de Bouzloudja ont été lancés dès 1974. À l'époque, la Bulgarie, s’éloignait du grand frère soviétique pour redécouvrir son passé national, en particulier l'héritage Thrace.

La soucoupe volante, plébiscitée dans un pays fou de science-fiction depuis les exploits de Gagarine – le dôme fut souvent reproduit sur la pochette de différents albums –, renvoie également à la forme des tombeaux thraces, dont certains vestiges venaient d'être découverts dans ces basses vallées.

Dès 1990, la fresque qui représentait Jivkov est effacée, puis le monument est devenu inaccessible. Il connaît le sort des bâtiments inutiles : vandalisme, visiteurs clandestins, snowpark ou basejump improvisé, graffeurs. Il n'est accessible que de l’extérieur, les entrées sont murées, mais on aperçoit une toiture éventrée et des fissures suintantes d'eau croupie.

Il témoignage d'une autre époque qui confirme à quel point le passé nous devient parfois vite incompréhensible, aussi obscur que s'il s'était déroulé sur une autre planète.

Pour aller plus loin : Bouzloudja, crépuscule d'une utopie, Adrien Minard. Éditions B2.











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2 commentaires:

  1. De quel appareil disposez vous pour faire des photos panoramiques de cette qualité?

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    1. Nikon D90, optique 18/300. Les panoramique sont le résultat d'un montage informatique entre deux ou trois photos

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