Les bunkers
Pour comprendre la
démarche paranoïaque du dictateur Enver Hoxha il faut rappeler la
situation géopolitique du pays. En 1939 l'Albanie est envahie par
les troupes italiennes. Hoxha cherche à organiser la résistance et
avec l'aide du parti communiste yougoslave il fonde un nouveau parti
communiste dont il est secrétaire général.
Un accord est conclu
entre résistants nationalistes, royalistes et communistes, et ils
sont formés par des instructeurs militaires britanniques.
En mai 44 la wermach
recule et le parti communiste albanais se renforce et élit un
gouvernement provisoire dont Hoxha est élu dirigeant du comité
exécutif. Il se retourne alors contre ses anciens alliés en
déclarant illégaux les groupes n'appartenant pas à sa mouvance .
Hoxda essaiera de se
concilier les grâces de L’URSS mais Staline refusera de le
recevoir. L'idée était que l'Albanie devait se fondre dans la
Yougoslavie. En 1948 l'Albanie rompt avec l'URSS, le groupe
pro-Yougoslave est liquidé.
En 1949 les
gouvernements Américains et Anglais sont inquiets d’une expansion
communiste vers l'ouest. Ils estiment que le pays le plus menaçant
et facile à déstabiliser est l'Albanie. Ils reçoivent d'ailleurs
le soutien tacite de Tito président de la Yougoslavie qui craignait
d’être assassiné par Hoxha.
Les Américains
entament des opérations de déstabilisation et entraînent 250
réfugiés albanais. Les neuf premiers hommes sont parachutés en
Albanie le 19 novembre 1950. L'opération est un échec total,
l'équipe étant attendue au sol. Les équipes suivantes connaissent
le même sort. En avril 1954 s'ouvre à Tirana le procès de réfugiés
albanais infiltrés et capturés.
Il apparaît qu'un
opérateur radio « retourné » travaillait depuis dix-huit mois
pour la Sigurimi, les services de renseignements albanais.
Le projet Valuable
se termine en avril 1954 par un procès à Tirana, suivi par une
campagne de terreur sur tout le territoire albanais (plusieurs
milliers d'exécutions pour une population de moins de deux millions
de personnes).
Pour
en savoir plus :
En effet Hoxda utilise
les méthodes staliniennes pour se maintenir au pouvoir; la Sigurimi,
constitue un réseau d'espionnage interne très efficace et
redoutable; un dixième de la population, considéré comme suspect,
est interné dans des camps; 170 cadres dirigeants du Parti sont
liquidés et un Albanais sur trois a un jour ou l'autre affaire à la
police politique.
Puis toute forme de
pratique religieuse est interdite, avec la fermeture immédiate des
2000 mosquées et églises encore ouvertes. Les grades militaires
sont abolis, des conseillers politiques sont installés dans les
casernes.
En 1956, trois ans
après la mort de Staline, Nikita Khrouchtchev lance une campagne de
déstalinisation. La rupture est consommée entre l'Albanie et
l'URSS.
En 1961, la Chine, à
la recherche d'alliés, accroît son aide à Tirana et conclut une
alliance officielle.
Mais le rapprochement
de la Chine avec les États-Unis en 1972, puis la fin de facto de
l'idéologie maoïste en Chine à la mort de Mao, et la prise du
parti du Viêt Nam dans son conflit avec la Chine provoque la rupture
sino-albanaise en 1978.
Hoxha est victime d'une
crise cardiaque en 1973 dont il ne se remettra jamais complètement.
En décembre 1981, il sombre dans la paranoïa et craint que le pays
soit envahis par les américains ou les soviétiques. Il organise
l'élimination politique et physique de son plus fidèle compagnon,
Mehmet Shehu, Premier ministre depuis 1954. Ceci parce que Shehu
avait conscience que la rupture avec la Chine mettrait l'Albanie dans
un isolement total.
Hoxha transmet la
plupart de ses fonctions à Ramiz Alia. Dans les derniers mois, il ne
se déplace qu'en chaise roulante, souffrant d’un diabète qu'il a
commencé à développer en 1948, et d'ischémie cérébrale dont il
souffrait depuis 1983. Il décède le 9 avril 1985.
BUNKER 1
C'est dans ce contexte
d'isolement de son pays qu'il lance en 1972 un programme de
construction de bunker souterrains. 207.000 bunkers furent programmés
et 168.000 furent construits. La plupart étant de petite taille.
Deux, de grande taille sont visitables. Le premier se situe sur les
hauteurs de Tirana (à 800m de la gare du téléphérique) le second
est en centre ville (à 300m de la place centrale)
La construction du
bunker N1 débute en septembre 1972 et sera inaugurée en juin 1978.
Il fait une surface de 2685 m²
répartis sur 5 niveaux, 106 pièces et une salle de cinéma. Cette
structure était réalisée dans un but militaire pour garantir le
fonctionnement normal des institutions en temps de guerre. Les
caciques du régime devaient y être hébergés. Cette idée était
le fruit d'une visite de délégués militaires en Corée du Nord en
1964 !!!
L'aménagement qui est
présenté au public est parfaitement pédagogique, certaines pièces
se suffisant à elles mêmes.
(cliquer sur les flèches pour faire défiler le diaporama)
f
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bureau du chef des armées
coursive
crash avion anglais opération valuable
entrée du bunker n°1
ameublement du bunker
aménagement d'une cuisine
plan du bunker
salle de cinéma et de congrés
salle de classe
transmissions
BUNKER 2
Ce bunker se situe en
centre ville. Son plan n'est pas indiqué. Il se termine par un sas
de décontamination (qui n'a jamais fonctionné) construit par
crainte des attaques chimiques ou nucléaires.
La présentation est
thématique. Elle explique la formation et l'organisation de la
gendarmerie fondue en 1939 dans la police, des gardes frontière et
de la sigurimi.
La sigurimi était une
police politique totalement autonome. Le noyau du Sigurimi a été
constitué pendant la guerre par Hoxha. Il s’en servit notamment
pour évincer ses concurrents. Il a par la suite constitué un
instrument essentiel de la mise en place et de la pérennisation du
régime. On estime qu’un Albanais sur trois y a été confronté.
La mission du Sigurimi était la défense de la révolution
prolétarienne et la répression contre les opposants du régime.
170 membres du comité
central et du bureau politique du parti ont été exécutés à la
suite d'enquêtes du Sigurimi pour avoir été considérés comme
proches de la Yougoslavie, de l'URSS ou de la Chine. La section du
contrôle politique était impliquée dans un vaste programme
d'espionnage par le biais des écoutes de conversations
téléphoniques.
La section concernant
les camps de prisonniers avait le devoir de rééduquer les internés
et d'évaluer le degré de dangerosité de ces derniers dans la
société. Les camps de Burrel et de Spaç étaient les plus durs. Il
y avait treize camps répartis sur l'ensemble du pays. Les
statistiques économiques et sociales étaient gérées comme des
secrets d'État.
Une cellule expose les
noms de 5000 personnes identifiées comme ayant été supprimées par
la sigurini.
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des prêtres sont arrêtés et déportés
dressage des chiens garde-frontière
la segurimi éliminait 12 opposants par jour
listes de noms de victimes
organisation des garde-frontières
récit des tortures subies par une jeune fille
témoignage d'une déportée
Ces visites sont assez
impressionnantes. Chaque salle traite de façon factuelle un sujet.
Ce pays regarde son histoire avec lucidité avec le souci de la
transmettre.
la mémoire n'est pas ce dont on se souvient, mais ce qui nous rappelle. la mémoire est un présent qui ne cesse de vivre |
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